NDLA : après un désaccord avec l’équipe éditoriale de tplmoms qui modifiait mes articles à mon insu et contre mon gré, dénaturant mon écriture et parfois mes intentions, j’ai décidé de reprendre la main sur mes textes et de publier ici les deux derniers volets de ma série.
Précaution oratoire: il y a dans tous les hôpitaux des infirmières et des médecins qui sont de vraies perles et veillent à votre bien-être physique et psychologique. Grâce leur soit rendue, j’adore travailler avec elles. Mais même ces perles sont soumises au rythme souvent fou qui régit l’activité de la maternité.
Si vous accouchez entre juin et octobre, période d’achalandage maximal, il y a de fortes chances pour que toutes les chambres de naissance soient occupées. Dans ces conditions, vous pouvez raisonnablement vous attendre à ce qu’une infirmière (pas toujours la même) vienne faire ses relevés de signes vitaux aux demi-heures, et qu’un médecin (rarement celui qui a aussi fait votre suivi) ne se présente entre vos jambes qu’en même temps que la tête de votre bébé. Mais pas plus. Personne ne sera là pour flatter vos cuisses douloureuses, sécher vos larmes et vous dire que vous avez des ressources incroyables qui vont permettront de terminer ce chemin de croix, ni pour envoyer votre chum se prendre un café plus que vital à la cafétéria.
N’oubliez pas que si votre accouchement se fout de l’horloge, ce n’est pas le cas du personnel médical, qui a des changements de shift. La naissance de votre petit peut coïncider avec la fin de la garde de 24h du médecin, qui en aura vu naître une quinzaine dont deux par césarienne et qui ne souffrira aucun délai dans sa délivrance à lui. L’infirmière qui s’était attachée à vous depuis votre entrée dans les lieux et qui était si fine peut laisser la place à une dragonne mal embouchée qui n’a aucune idée du douloureux chemin parcouru. Encore une fois : loin de moi l’envie de jeter l’opprobre sur le personnel hospitalier dont j’admire le professionnalisme dans de difficiles conditions de travail. Les infirmières font un travail incroyable: ce sont elles qui vont vous assister dans votre poussée1, le médecin ne fera en général que réceptionner l’enfant (pourtant, c’est lui qu’on encense).
Les directives de la santé publique vont toutes dans le sens de la promotion du bien-être du couple et de l’accouchement physiologique, mais au-delà de la prévention qui est le nerf de la guerre et qui est si absente, les hôpitaux n’ont tout simplement pas les moyens de les suivre! Manque de personnel, manque de formation à la physiologie de la naissance et aux paramètres à valoriser, manque de place, et manque de temps (6 à 9% du temps des infirmières est consacré au soutien des couples qui accouchent). L’hôpital sauve des vies pour 15% des accouchements, mais en complique inutilement 85%.
1 l’encadrement de la poussée fera nécessairement l’objet d’un article.