En furetant sur la blogosphère dans ma frénésie de couture, je suis tombée sur ce post qui m’a beaucoup amusée/désespérée et a réveillé la ricaneuse en moi. Et comme, pour ceux qui l’ignorent, je suis Française, je me sens toute légitime à ricaner sur mes (anciens) compatriotes qui peuvent par moments me paraître, tel que cet article me l’a rappelé, tellement étrangers et parfois bien ridicules, notamment dans le culte qu’ils vouent à l’anglais pour leur nom de site, leurs rubriques, etc. Alors il semblerait que je flotte quelque part dans les limbes atlantiques, entre ma patrie d’origine et celle d’adoption (qui adopte, d’ailleurs? Le pays ou moi? Les deux dans un processus mutuel d’amour-haine-acclimatation?).
On déduit des lignes et du ton de ce post (et des commentaires, ainsi que de celui-ci, qui aurait inspiré son auteure, ici désignée comme « madame Brouhaha ») que les Françaises sont bien soucieuses du regard des autres et prudes (les mots « culotte » ou « serviette hygiénique » méritent des parenthèses, une mini-police et des excuses, oh shocking), que les hommes sont des héros s’ils passent la nuit à l’hôpital lors du séjour postnatal de quatre jours avec leur femme éprouvée et leur neuve progéniture, que les protocoles hospitaliers font encore la part belle à l’épisiotomie, à l’interdiction de boire et de manger en travail (d’où la popularité toute française du brumisateur Évian, que ma mère garde d’ailleurs précieusement avec le niveau d’eau atteint après chacun de ses 4 accouchements), aux tétées aux trois heures + alternance des seins, et que Laurence Pernoud reste une référence.
J’entends d’ici la clameur des défenseurs de cette brave madame Brouhaha qui n’a rien fait pour déclencher mon ire et l’accusation de caricature : je m’en fous, l’occasion est trop belle pour ne pas faire le point sur la composition du sac d’hôpital, qui mobilise beaucoup d’énergie mentale chez toutes les jeunes mamans. Quel que soit le scénario de départ de votre accouchement, à domicile, en maison de naissance ou à l’hôpital, il vaut mieux jouer la carte de la prudence et remplir son sac courant du 8e mois dans l’hypothèse où la scène se déroulera en milieu hospitalier (on n’est jamais à l’abri d’un accouchement prématuré ni d’un transfert plus ou moins urgent).
Récapitulons ce dont vous aurez besoin*. D’abord, une règle d’or : partez LÉGER. Je vois en général les couples que j’accompagne se charger de deux ou trois valises surdimensionnées en plus de la coquille déjà installée à l’arrière de l’auto, là où la maman serait pourtant si heureuse de pouvoir prendre toute la place, à 4 pattes en train de vomir entre deux contractions. Vous resterez 24-48h à l’hôpital, 4 jours maximum en cas de césarienne, donc le papa aura tout le loisir de transbahuter votre stock entre la maison, le coffre de la voiture, et l’étage des naissances. Les chambres ne sont pas grandes, et les placards très étroits. Vous pourrez vous étaler pendant la dilatation, mais on va vous demander de tout cacher hors de vue au début de la poussée. Et si vous devez partir en césarienne, le papa sera bien mal pris à devoir transporter tout votre barda tout seul jusqu’au postnatal, avec le nouveau-né lui tétant le petit doigt.
Je vous suggère donc de préparer deux sacs : un pour l’accouchement, et un, moins urgent, pour le postnatal (de tout le monde. Inutile d’avoir chacun son sac).
L’essentiel (doit se trouver dans le sac d’accouchement. Tout le reste peut attendre un trajet du papa du coffre de la voiture à la chambre) :
- vos papiers : carte-soleil, carte d’hôpital, plan de naissance en double (il se peut que le vôtre ne survive pas au changement de shift), éventuellement dossier médical. Argent pour le taxi si vous n’avez pas d’auto. Si vous devez partir en catastrophe, c’est ce que vous devez impérativement emmener.
- sur le haut du sac : bobettes qui ont du vécu et bien élastiques pour accueillir une grosse serviette sanitaire, une paire de bas chauds et un gros gilet/couverture pour vous deux (la clim marche à fond dans les hôpitaux et les papas surtout ont froid), un paquet de serviettes hygiéniques car elles ne sont pas fournies dans la plupart des hôpitaux, pince à cheveux et baume à lèvres.
- des collations légères, énergétiques et pas acides pour la maman (les noix sont généralement un bon choix), BEAUCOUP de collations pour le papa (je ris, je ris, en lisant que madame Brouhaha prend un paquet de biscuits pour son chum). Prévoir tenir un siège de 24h minimum, mais sachez que la plupart des hôpitaux ont une pharmacie, un Second Cup ou assimilé, une cafétéria à proximité si ce n’est sur place. Vous aurez accès à un frigo et à un micro-ondes.
- une bouteille d’eau avec paille, du jus de pomme, de la tisane avec du miel.
- vos lunettes, verres de contact, solution de nettoyage et boîtiers.
Moins essentiels mais très utiles :
- un gros coussin d’allaitement, idéalement en demi-lune, pour le travail et l’allaitement. Les hôpitaux sont radins en oreillers, en général très plats.
- une source de chaleur : bouillotte ou sac magique (que vous enroulerez dans une taie d’oreiller de l’hôpital pour le faire chauffer car les micro-ondes en « salle des familles » sont immondes)
- huile de massage inodore ou avec huile essentielle de lavande ou de pruche, calmantes et réconfortantes.
- un grand T-shirt et un pantalon de pyjama si vous voulez garder vos vêtements pendant le travail. C’est le souhait de la plupart de mes clientes, qui finissent de leur plein gré par enfiler la jaquette moche mais bien pratique.
- bouchons d’oreille et masque pour les yeux pour vous deux. L’environnement hospitalier est bruyant, même la nuit.
- pantoufles pour tout le monde, surtout en hiver.
- brosse à dents et dentifrice pour le papa.
- sac en plastique pour ramasser les vêtements sales.
Tout ça devrait rentrer dans un sac de taille moyenne, mis à part le gigantesque coussin, mais qui en vaut la peine. Je conseille de le laisser dans l’auto, et d’envoyer ensuite le papa le quérir avant que ça devienne trop intense.
L’optionnel/peut attendre le transfert en postnatal :
- trousse à toilette pour tout le monde. Contenu à votre discrétion (celle de madame Brouhaha me fait ca-po-ter.)
- musique. Il se peut fort que vous n’ayez pas du tout le goût d’en écouter, tant la demande de concentration qu’entraîne une contraction sera forte. Si vous en emmenez, pensez à prendre des hauts-parleurs en plus de vos écouteurs car ce ne sont pas tous les hôpitaux qui fournissent un lecteur.
- vêtements de rechange pour 2-3 jours. Après l’accouchement, votre ventre ressemblera à celui d’une femme enceinte de 5 mois.
- couches et vêtements pour le bébé, de plusieurs tailles entre 0 et 3 mois. N’y accordez pas trop d’importance : je vous souhaite très fort que votre bébé passe tout son temps en peau-à-peau contre vous. Dans les deux premiers jours, ne vous attendez pas à un déluge de cacas et de pipis, et vu la quantité infime de colostrum qu’il prendra à chaque tétée, je doute qu’il régurgite massivement. Misez plutôt sur une petite couverture de flanelle pour l’envelopper facilement et à la demande. Bonnet et mitaines : à vous de voir. La pertinence du bonnet est aujourd’hui contestée, et les mitaines, vous allez vous battre constamment avec.
- brassières d’allaitement et compresses d’allaitement : il est peu probable que vous en ayez besoin avant votre montée de lait, et celle-ci a lieu en général de retour chez vous.
- maillot de bain pour le papa si vous prenez un bain pendant le travail et qu’il souhaite vous y rejoindre. Vous, vous aurez perdu votre pudeur quelque part entre l’auto et la chambre, les hormones aidant (est-ce que madame Brouhaha a eu le goût d’enfiler le sien pendant son accouchement?)
- chargeur de cellulaire ou liste de numéros à appeler quand tout sera terminé. Pendant, mieux vaut éteindre vos bidules (et ne surtout pas informer vos proches de votre départ, à moins que vous vouliez augmenter encore la pression de performance).
- lecture, surtout dans le cas d’un déclenchement, pour le papa (je doute que madame Brouhaha ait vraiment joué à Tétris sur sa Game Boy! M’enfin, il faut de tout pour faire un monde, arrêtons le sarcasme). Très optionnel à mon avis : la meilleure chose à faire si vous avez le loisir de vous ennuyer pendant votre accouchement, c’est de rester connectés à ce qui est en train ou sur le point de se jouer, et surtout de dormir pour vous préparer au marathon qui s’en vient. Après, vous serez tellement fatigués et hypnotisés par votre charmante créature conjointe que vous ne serez plus capable de lire une ligne…
Bonne route!
*NDLA: j’adopte résolument une perspective minimaliste et décroissante qui frisera l’austérité pour certains.